Les Débuts Du Cinéma Américain

Aux États-Unis, les balbutiements du septième art sont plus mouvementés qu'en France. En effet, dès 1897,  Edison intente plusieurs procès à tous ses concurrents dans le but d'être le seul à posséder le brevet d'un appareil dérivé du cinématographe, le kinétoscope, dont il se prétend le père. Face à ces différentes attaques, le représentant de Lumière en Amérique se voit contraint de quitter clandestinement le pays à bord d'un transatlantique, et peu de temps après, l'invention des deux frères français est confisquée. Durant ces événements, quelques aventuriers, dont William Fox, un teinturier reconverti dans le cirque, Adolphe Zukor, un marchand de fourrures, et Warner, quatre frères réparateurs de bicyclettes, se lancent dans la production de films. En s’appuyant sur une démarche identique à celle d'un businessman accompli, ils créent les Nickel Odéons, et en moins d'un an, parsèment le paysage américain de salles de projection au confort sommaire mais au tarif imbattable.


        C'est grâce à ce projet d'envergure que le public découvre, dès 1902, de nombreuses copies des bandes Pathé importées de France, ainsi que plusieurs courts métrages réunissant des acteurs d'Europe de l'Est, ne connaissant pas la langue anglaise, et pour qui le cinéma, encore muet à cette époque, était une aubaine. Puis, en 1903, le premier western de l'histoire,  The Great Train Robbery, du réalisateur Edwin S. Porter, prend d’assaut les écrans. Mais le premier grand événement marquant du cinéma américain se déroule en 1914, lorsque David W. Griffith, inspiré par le roman de Dixon, The Clansman, termine Naissance d'une nation, dont le tournage, pour lequel il eut du mal à trouver  des financements, dura plus de quatre mois. Évoquant la vie d'une famille sudiste après la guerre de Sécession, le scénario prend, avec un racisme certain, partie pour le Sud, ce qui crée des émeutes, et amasse les foules dans les salles. Outre son incontestable réussite commerciale, ce film signe le début de l'hégémonie des mises en scène supérieures à 80 minutes, appelées aussi longs métrages.

     Parallèlement à cette évolution prometteuse, la guerre des brevets continue, pour ne s'achever qu'à la fin de  l'année 1908, lorsque Edison décide d'accorder, moyennant 150 mille dollars par an, une totale liberté d'action aux dix plus puissantes maisons de production. Les ambitieux fondateurs des Nickel Odéons choisissent alors de se tourner vers les producteurs indépendants, que l'on surnomme les hors-la-loi, pour alimenter en flots d'images vivantes leurs différentes salles. Or, cette démarche ne plaît pas à tout le monde, et les représailles ne se font pas attendre : plusieurs grandes entreprises cinématographiques lancent des commandos chargés de saccager les studios des indépendants. Face à ces actes de destruction, les hors-la-loi, qui n'ont plus d'autre choix que celui de fuir, s’installent dans un petit village de Californie, à une heure de la frontière mexicaine, Los Angeles. Là, les tournages sont encore rythmés par quelques péripéties, comme ce jour où, devant le studio d'un producteur indépendant, sont placés des cavaliers et un canon de la guerre de Sécession, afin de dissuader les vandales d'approcher.