Sofia Coppola : fille de star du cinéma

Sofia Coppola et son père Francis Ford Coppola, dans la savane pour Louis Vuitton

Durant sa jeunesse, Sofia Coppola apparaît dans plusieurs films réalisés par son père, comme Peggy Sue s'est mariée ou la trilogie Le Parrain. Elle fait ensuite ses premiers pas derrière la caméra avec le court-métrage Lick the star, avant un premier film produit par Francis Ford Coppola lui-même : Virgin Suicides. Un succès public et critique qui conduira celui-ci à récidiver en produisant Lost in Translation, Marie-Antoinette, Somewhere (Lion d'or à la Mostra de Venise) et The Bling Ring, présenté en ouverture de la section Un Certain Regard à Cannes.
 Adepte du "made in France"
En cinq films, la fille de Francis Ford Coppola, dont le nouveau long-métrage The Bling Ring sort ce mercredi, a su imposer son regard sur la société américaine. Une vision très influencée par son amour pour la culture française.
Son célèbre patronyme trahit ses origines italiennes, sa filmographie pointue exploite les cultes de la jeunesse et de la célébrité typiquement américains, mais Sofia Coppola semble aborder l'existence et le cinéma d'un point de vue français.
En couple depuis 2005 avec le Versaillais Thomas Mars, leader du groupe Phoenix, compositeur de titres pour trois de ses long-métrages (Lost in translation, Somewhere, The Bling Ring) et père de ses filles Romy et Cosima (6 et 3 ans), la réalisatrice ne subit pas seulement l'influence de celui qu'elle a rencontré pour la première fois en 1999 (pour la préparation de son Marie-Antoinette) et qu'elle a pris pour époux, habillée en Azzedine Alaïa, durant l'été 2011 (dans le sud italien).
Certes, après la naissance de leur aînée, ces deux icônes de la branchitude ont vécu quelques mois à Paris, où ils possèdent toujours un appartement (du côté de Saint-Germain-des-Prés). Pendant ce séjour, Sofia a pu s'imprégner de notre histoire sous les arcades du Palais-Royal, dans le jardin des Tuileries ou encore le long des galeries Musée D'Orsay (ses trois lieux cultes parisiens), se lier d'amitié avec quelques unes des ambassadrices du chic parisien (Carine Roitfeld et Mademoiselle Agnès, entre autres) et se familiariser avec notre langue qu'elle avoue maîtriser encore beaucoup moins bien que sa progéniture.
Mais bien avant de passer derrière la caméra (après une carrière d'actrice presque exclusivement réservée aux films de papa Coppola), Sofia a manifesté un intérêt certains pour notre culture.

Elevée en Californie, de son propre aveu complexée par son nez busqué et paralysée par sa lourde filiation, elle fuit la lumière crue du soleil, comme celle tout aussi brûlante des spotlights, pour grandir à l'ombre de l'auteur américano-breton Jack Kerouac. Le culte du corps, le bling, les paillettes, très peu pour elle. Il y a, elle le sait dès son plus jeune âge, un ailleurs, où le beau est dans la subtilité et le raffinement. Elle l'a confiée: "J'étais émerveillée quand mon père revenait de Paris avec des pièces magnifiques d'Yves Saint Laurent pour maman. L'art de l'élégance et la passion pour le détail m'ont été transmis par mon père et mon frère Roman, qui portaient des chemises chiffrées confectionnées sur mesure par Charvet. La mode, le luxe ont toujours fait partie de ma vie".

A quinze ans, moins cinéphile que fashionista, elle rentre en effet en stage chez Chanel, à Paris. Rue Cambon, Sofia est préposée aux cafés et aux photocopies, mais comme elle le dira: "J'ai beaucoup appris en observant Karl Lagerfeld et Gilles Dufour." Quoi précisément? Un sens du parti pris, une exigence pour la belle facture, une préférence pour l'allure plutôt que les effets spéciaux, autant de leçons qui influenceront sa façon de s'habiller (robes noires, chemises blanches ou bleues, chaussures plates) comme sa manière de filmer (goût pour la photographie de l'image, problématiques existentielles, intrigues imprégnées de mélancolie).

La fille de Francis Ford Coppola n'a pas la pompe de se proclamer artiste, elle se considère plutôt comme une artisane. Au savoir-paraître terriblement hollywoodien, nourrie par une lecture intensive du Vogue français qu'elle se faisait livrer dans la Napa Valley de son adolescence, elle préfère le savoir-faire que l'on qualifiera, certes avec prétention, de terriblement "frenchy". Proche du styliste Marc Jacobs, depuis qu'il l'a choisie pour incarner un de ses parfums en 2002, Sofia a, grâce à lui, rejoint le groupe Louis Vuitton pour lequel elle dessine épisodiquement des sacs depuis 2009.

Outre Nathalie Portman qu'elle a filmée à deux reprises pour le parfum Miss Dior Chérie, Miss Coppola a également mis en scène le ténor Roberto Alagna dans l'opéra Manon Lescaut de Puccini, à Montpellier. Un projet parallèle qui témoigne de sa volonté de ne pas suivre les sentiers, certes pavés d'or mais ô combien battus, d'Hollywood.

Une manière aussi de répondre à François Truffaut, l'un de ses réalisateurs fétiches, qui disait: "Le bonheur est la chose la plus simple, mais beaucoup s'échinent à la transformer en travaux forcés!"
Sofia Coppola n'est esclave de rien, sinon de son bon goût à la française.

Réf: gala.fr