Indignados : le souffle et l'énergie de Tony Gatlif

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Il y a du Fernando Arrabal et du Chris Marker en Tony Gatlif. Comme le premier, le réalisateur de Gadjo Dilo avance dans la vie comme un cheval fou. Comme le second, il descend dans la rue lorsque le fond de l'air est rouge. Comme chez l'un et comme chez l'autre, la caméra vibre au son des slogans qui défilent à l'écran et se substituent aux dialogues. L'image ici est souveraine, la liberté guide les pas.

Photo du film

Son nouvel acte de foi, le cinéaste l'a tourné à Athènes, à Tunis, à Madrid, à Paris, partout où on en appelait très récemment à l'insurrection pacifique, partout où des hordes d'indignés ont clamé leur colère, leur dégoût à l'encontre de ce « pouvoir de l'argent qui n'a jamais été aussi grand, insolent, égoïste ». Ces mots, et pas mal d'autres, que Stéphane Hessel a rassemblé dans Indignez-vous, son fameux best-seller, Tony Gatlif a décidé de les animer, à sa manière, andalouse, lyrique et endiablée, pleine de bruit et de fureur, de musiques et de chants.

Empoignant sa caméra (forcément subjective) comme d'autres usent d'une bible ou d'un fusil, il arrache à la réalité ce patchwork multicolore, documentaire très fictionné lancé sur les pas d'une jeune femme africaine qui pensait trouver en l'Europe un nouvel Eldorado. Avec son coeur, son âme et ses tripes, Gatlif saute dans le train de l'Histoire en marche qu'il sème de stupéfiants plans métaphoriques chantant l'espoir et le désespoir. Quel souffle, quelle énergie, quelle générosité !

Réf : la voix du nord