Le roman de Charlotte Brontë a été adapté une vingtaine de fois pour le grand et le petit écran. Une nouvelle version avec Mia Wasikowska et Michael Fassbender sort cette semaine. Comparaison avec la dernière adaptation réalisée en 1996 par Franco Zeffirelli.
Cary Fukunaga revisite Jane Eyre avec Mia Wasikowska et Michael Fassbender
Charlotte Gainsbourg vs Mia Wasikowska
Ces deux actrices incarnent Jane Eyre de manière radicalement différente. Si Charlotte Gainsbourg est une Jane douce et fragile, Mia Wasikoskwa exprime une force et une détermination surprenantes. Sa personnalité est plus affirmée là où la première semblait étouffée par une timidité presque maladive. Un changement illustré par la réaction de Jane lorsque St. John Rivers la demande en mariage. Quand Charlotte Gainsbourg répond du bout des lèvres qu'elle doit y réfléchir, Mia Wasikowska refuse avec une violence et une sincérité déchirantes.
Mia Wasikowska et Charlotte Gainsbourg, deux Jane Eyre bien différentes
William Hurt vs Michael Fassbender
Alors que William Hurt incarne un Rochester triste et bourru, Michael Fassbender apporte au personnage une dimension plus violente, presque cruelle. Il dévoile une personnalité cynique et ambiguë, donc plus intéressante. Dans la version précédente, Hurt semble en permanence étonné, voire dépassé par Jane comme s'il était extérieur à leur relation. Une différence de comportement qui transparait dans le regard des acteurs: Hurt, abattu et absent, Fassbender, froid et perçant.
Une mise en scène repensée

Franco Zeffirelli a conservé la structure du roman: le film commence avec l'enfance de Jane chez sa tante puis au pensionnat de Lowood et poursuit avec son arrivée à Thornfield. Cary Fukunaga a eu l'excellente idée de remanier la chronologie de l'histoire. Celle-ci commence par la fin avec la fuite de Thornfield. Le parcours de Jane est révélé progressivement sous forme de flash-back, ce qui éclaire différemment le personnage. Fukunaga évite ainsi le piège du copier-coller et redynamise une histoire vue et revue.
Une photographie plus lumineuse

Fukunaga joue sur les effets d'ombre et de lumière causés par l'éclairage à la bougie. Cette utilisation de la lumière plonge le film dans une ambiance fantomatique. Un choix esthétique qui transforme chaque plan en élégante peinture romantique. La version de Zeffirelli est visuellement plus sombre et austère. Les décors et les personnages baignent dans des nuances de gris et de noirs. Une atmosphère plus fade qui renforce le manque de passion de
la Jane incarnée par Charlotte Gainsbourg.
Un discours féministe plus affirmé
La Jane version 2012 recherche son émancipation. Elle rêverait de vivre d'action "comme un homme" et regrette que son univers se limite au domaine de Thornfield. Lorsque St. John Rivers lui demande de devenir sa femme, elle refuse car elle le considère comme un frère. Elle ne peut pas se contenter de l'éventualité d'un "amour suffisant". Au mariage de raison, elle préfère la passion d'un amour qu'elle aura choisi. En mettant en avant la détermination du personnage, Cary Fukunaga livre une vision de Jane Eyre résolument plus moderne.
Réf:lexpress.fr