Du cinéma pour rompre l'isolement



Prison Les détenus ont remis vendredi les prix de la 3e édition du festival Fleury fait son cinéma

 Il y avait du beau monde, ce vendredi, à la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis (Essonne). Pour la clôture du festival Fleury fait son cinéma, dont le jury est composé de détenus, d'une surveillante, de deux agents de probation et d'une bénévole, Maïwenn, lauréate du prix de la meilleure réalisation pour Polisse, s'était déplacée. « Quand j'ai commencé le scénario, mon compagnon était à Fleury, a-t-elle confié. La boucle est bouclée. »

Un vent de liberté
 « Une expérience inoubliable, selon Ludivine Sangnier, la présidente du jury. Pour les sept personnes détenues membres du jury aussi : « On a eu l'impression d'être comme tout le monde, explique Paolo*. Notre quotidien est très dur. Là, les gens étaient gentils et polis. » Chaque après-midi pendant dix jours, le jury a visionné les neuf films de la sélection. Un moment d'évasion très apprécié pour des hommes et des femmes enfermés vingt-deux heures sur vingt-quatre. Et l'occasion de gommer certaines frontières : « Je n'avais pas d'uniforme, on était tous sur un pied d'égalité », se réjouit Muriel, surveillante. Chaque projection était suivie d'une discussion avec des professionnels du cinéma, un échange enrichissant. « On est face à un public cinéphile et forcément très pointu sur le fonctionnement de la prison, constate Olivier Gorce, coscénariste d'Omar m'a tuer. Ça m'a donné envie d'animer des ateliers. » Organisé par le Service pénitentiaire d'insertion et de probation de l'Essonne et l'Association de recherche d'animations culturelles, Fleury fait son cinéma avait cette année pour thème la justice. « Quand la juge est arrivée pour le débat, elle a été sifflée, se souvient Ludivine Sagnier. Et finalement, il y a eu un moment d'écoute incroyable. » Mais ce festival, c'est avant tout l'occasion de valoriser les détenus, de les écouter. « On nous a accordé du temps, de la considération, on nous a demandé notre avis, analyse Mamadou*, jeune détenu. Maintenant, ce qui va faire mal, c'est le retour à la réalité. »


Source: 20minutes.fr