Nouveau film sur Marilyn Monroe : Michelle Williams déçoit dans ce biopic ambitieux

LE PLUS. Récompensée par un Golden Globe en début d'année, Michelle Williams n'a, semble-t-il, pas su séduire Nathalie Epoque, passionnée de cinéma. Son interprétation de Marilyn Monroe, à l'apogée de sa célébrité, n'est visiblement pas convaincante. Explications.

En 1957, Marilyn entame le tournage du "Prince et de la Danseuse" réalisé par Laurence Olivier. Reconnue pour ses talents d'actrice, forte du succès de "Sept ans de réflexion" et d'"Arrêt d'autobus", mariée depuis un an au dramaturge renommé Arthur Miller, la star est alors au sommet de sa gloire.

Dotée d'une crédibilité intellectuelle, critique et artistique, Marilyn, intouchable et toute puissante, accumule les caprices sur le plateau. C'est dans ce contexte particulier que l'actrice entame une courte idylle avec le troisième assistant réalisateur du film, Colin Clark. Ce dernier est d'ailleurs revenu sur cette amourette dans le très célèbre roman autobiographique "My Week with Marilyn", caché puis publié en 1995.

L'enjeu était d'envergure pour ce rôle emplis d'une indéfinissable sensualité, d'une aura magnétique et d'une sensibilité à fleur de peau et le challenge, double : trouver la perle rare, la jeune femme capable d'incarner avec légitimité ce sex-symbole et donner une crédibilité historique et narrative à ce flirt légendaire.

Michelle Williams décevante

Il est malheureux de le reconnaître mais Michelle Williams, malgré sa (vague) ressemblance physique avec la star, apparaît comme la plus grande déception de ce biopic.

On regrette le refus de Scarlett Johansson, à qui le rôle avait été proposé et qui en avait certainement plus l'étoffe. Ne possédant ni la grâce ni la présence de Marilyn, la jeune blondinette peine à convaincre et à séduire le spectateur. Écarquillant les yeux à profusion pour nous exposer la troublante fragilité de son personnage, on déplore un manque cruel de finesse dans son jeu.

Et quand elle endosse la facette de la "showgirl", son hystérie frôle celle d'un sosie un peu trop porté sur la bouteille. Michelle Williams ne semble pas avoir réussi à saisir la recette pour incarner la star, résultant d'un délicat cocktail de séduction et de féminité, de fausse naïveté et de vraie souffrance. La sincérité de l'histoire d'amour se consume au rythme des respirations artificielles de ce personnage désincarné.

 Une réalisation sobre aidée par des seconds rôles efficaces

 Malgré ce petit problème d'interprétation, le film s'avère plutôt agréable. Les seconds rôles sont tous d'une efficacité redoutable et la reconstitution des atmosphères de tournage de l'époque s'avère plaisante. La première partie du film se présente comme un journal de bord visuel, abordant le tournage à travers le regard naïf et passionné du jeune Colin Clark, interprété par l'acteur britannique Eddie Redmayne.

Une joyeuse pléiade de comédiens lui donnent la réplique : Kenneth Branagh (Laurence Olivier), Julia Ormond (Vivien Leigh) ou encore Judi Dench, Dominic Cooper, Emma Watson ("déshermionisée") composent une équipe talentueuse, fraiche et originale.
Eddie Redmayne dans une scène du film My Week With Marilyn, 30/12/2011 (LILO/SIPA)

La caméra, sans jamais vraiment d'audace, se place en spectatrice sobre de cette ébullition cinématographique. Fidèle à l'ouvrage autobiographique, le scénario, s'avère crédible tout en conservant un souffle romanesque, loin d'être déplaisant.

 Les dialogues, plutôt bien écrits et les situations reconstituées avec soin rendent hommage à ces tournages de l'Âge d'or hollywoodien. Sans jamais sombrer dans le mélodrame et le pathos, "My Week with Marilyn" parvient, souvent avec drôlerie, à nous faire revivre toute une époque. La deuxième partie, centrée sur l'idylle de la star avec le jeune narrateur, et donc inévitablement sur le jeu d'actrice de Michelle Williams, suscite moins d'intérêt.

 L'adaptation du roman "My Week With Marilyn", partiellement réussie donc, aurait certainement pris une toute autre dimension avec une véritable révélation, capable d'empoigner à bras le corps le costume de Marilyn. L'incarnation d'un personnage, point artistique culminant des biopics ("La môme", "Cloclo", "Walk the Line") a rarement été aussi désastreuse. Malgré tout, Simon Curtis, qui s'attèle ici à son premier long-métrage, apporte à son passionnant sujet un traitement efficace et lisse.

Conclusion 
Un long métrage plaisant sur un sujet ambitieux qui séduira les spectateurs, friands d'anecdotes et de paillettes hollywoodiennes mais qui décevra certainement les fans de l'inoubliable Marilyn. Biopic dignement fait, avec une pointe d'humour et un casting sympathique, "My Week with Marilyn" pêche incontestablement par le choix de Michelle Williams, au jeu plat et convenu, dans le rôle de la star.

Réf : nouvelobs.com