« La Sirga », un premier film colombien tout en atmosphères

La Sirga tient à peine debout, perdue au milieu d'un marécage dans le sud-ouest de la Colombie. Cette maison aux planches pourries posée sur la boue sert de refuge à Alicia. Des brigands ont brûlé son village ; son oncle l'héberge en échange d'un coup de main pour retaper la masure. Ils espèrent le retour des touristes dans la région, alors que des cadavres sont empalés dans le marais... L'étrangeté du scénario de La Sirga, premier film de William Vega, n'a pas vraiment d'importance : tout le film repose sur l'atmosphère pluvieuse et inquiétante qui baigne chaque plan. « J'ai découvert cette région perdue de Colombie au hasard d'un voyage en 2004, explique le réalisateur. Cette campagne inaccessible a subi beaucoup d'injustices et de saccages tout au long de l'histoire. » Il y a découvert deux grandes tours en bois, que l'on voit dans le film ; les paysans lui ont expliqué que des groupes armés les avaient autrefois construites pour garder le contrôle sur la région. « Pour moi, c'est devenu un symbole fort de la façon dont le pouvoir peut s'établir dans une région comme cette lagune, poursuit-il. J'y ai ressenti un calme et un silence immense, au point que je le trouvais suspect. J'ai compris que c'était parce qu'on y sentait des traces de violence. » C'est cette sensation métaphorique que Vega a voulu rendre avant tout, avec succès. On y entend davantage de pluie tomber que de dialogues entre ses personnages sombres, et ses images suffisent à communiquer le froid. Un possible Caméra d’ Or ?
(metrofrance.com)